Problématique
Thèse soutenue le 8 décembre 2023, sous la direction de Gudrun Ledegen et David Szabo
Résumé : Dans cette étude de cas, j’ai souhaité mettre à l’épreuve une argotologie moderne populaire (au sens de la linguistique populaire de M.-A. Paveau 2005), de terrain, adaptée à un corpus de paroles d’adolescents contemporains. J’étudie les pratiques et représentations sociolinguistiques qui composent l’imaginaire de ces informateurs. C. Canut affirme que pour « circonscrire le fonctionnement des imaginaires linguistiques », cela nécessite « de réaliser des enquêtes de terrain longues et approfondies » (1998 : 152). C’est ce que j’ai cherché à faire en construisant notamment des relations de confiance et de partage avec eux, les interrogeant sur leur évaluation de la langue et en pratiquant la lexicographie participative. De manière annexe, j’ai également travaillé deux autres terrains moi-même, en vue d’articuler micro- et macrosociolinguistique et ai exploité un sous-corpus du Multicultural Paris French.
Celui-ci m’a servi, avec mon corpus personnel, à mettre en valeur les caractéristiques diatopique, diastratique, diachronique, diaphasique sous une forme matérielle qu’ils donnent à leur parler ; et à observer la manière dont ils gèrent la pression sociale due à leur âge et/ou leur condition sociale avec leur propre usage linguistique, en prenant donc en considération l’influence écologique qu’ils subissent. Selon eux : qui use de ce parler ? pourquoi use-t-on de ce parler ? comment fonctionne ce parler ? L’approche émique est, nécessairement, combinée avec une approche étique. Ma recherche part du constat de l’existence d’une idéologie de la langue standard (Milroy et Milroy, 1985). Nous observons d’ailleurs aujourd’hui une hégémonie, au sens emprunté par J.-B. arcellesi à A. Gramsci (1948), en ce sens que : C contrairement à la domination, l’hégémonie s’accompagne d’une certaine forme de conviction et de consentement. » (Marcellesi, 2003 : 166).
Comment se fait-il que les pratiques étudiées ici transgressent quand bien même les normes ? Car, c’est au moyen d’une étude des fonctions et des formes linguistiques non standard propre à l’argotologie moderne, ou sociolexicologie que je sollicite cette idée. C’est par ailleurs en 1997 que J.-P. Goudaillier inscrit l’objet linguistique dont je traite ici sous l’appellation Français Contemporain des Cités. Mais peut-on pour autant parler d’un système linguistique parallèle ?